Sensibiliser aux violences sexuelles dans le sport

Violaine Chabardes, responsable du pôle accompagnement des victimes au sein de l’association Colosse aux pieds d’argile, a dressé le bilan de sa première mission en Nouvelle-Calédonie. En déplacement sur le territoire depuis le 23 avril, pour une opération de préventions et de formation aux risques de violences sexuelles dans le sport, elle a réalisé quinze actions de sensibilisation au sein de clubs ou de ligues.

Le premier adversaire est souvent le silence. « Aujourd’hui, nous lançons ce travail de sensibilisation et d’accompagnement pour que la parole se libère  », a annoncé en préambule Christophe Dabin, président du Comité territorial olympique et sportif (CTOS). Et il y a du travail, car le silence a prévalu pendant de nombreuses années. « La prise de conscience se généralise en Nouvelle-Calédonie comme en Métropole.  Mais cela doit aller encore plus loin, car libérer la parole c’est bien, mais il faut aussi qu’elle puisse être entendue », a ajouté de son côté Violaine Chabardes, intervenante régionale de l'association Colosse aux pieds d'argile.

Formation à tous les niveaux de responsabilités

Présente depuis le 23 avril en Nouvelle-Calédonie, Violaine Chabardes a multiplié les rendez-vous et les déplacements, avec notamment quinze actions de sensibilisation réalisées au sein de clubs ou de ligues, comme l'URC Dumbéa (rugby), le CNC (natation) ou encore la Ligue de judo. « Toutes ces actions ont été menées à la demande des acteurs du sport locaux. Ils étaient tous très intéressés et se sont bien appropriés le sujet », a précisé Violaine Chabardes. Ces interventions ont permis la sensibilisation non seulement des adhérents mais aussi des parents et des éducateurs sportifs. L’objectif étant, pour les adultes « d’apprendre à décoder les signaux d’alerte, à savoir comment réagir et quels comportements adopter » face aux confidences des victimes, et pour les mineurs de se pencher sur des notions essentielles comme « les parties intimes du corps ou le consentement ».

Deux formations plus approfondies, d’une durée de sept heures chacune, ont aussi été menées sur cette période, à Nouméa et Koné. « Il s’agit d’un véritable investissement de la part des personnes présentes, qui sont souvent aussi bénévoles. Je suis très agréablement surprise », a-t-elle ajouté.

Des actions communes à mener

Outre ces interventions de sensibilisation, l’intervenante de Colosse aux pieds d’argile a rencontré, au cours de son séjour, les forces de l'ordre, des représentants ou membres d'association (Solidarité Sida, SOS écoute, Diversité NC, Cluster 3E...), la direction de la jeunesse et des sports (DJS) ou encore des représentants des institutions locales comme Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement chargée notamment de la lutte contre les violences conjugales. Elle avait déjà elle-même saisi le CTOS sur ce sujet lors de son séminaire sur les violences sexuelles, en novembre 2021, souhaitant agir en concertation pour mieux les prévenir. « Il existe des violences dans le sport, mais aussi à l’école, dans les centres de vacances, ou encore dans le milieu familial », a précisé Christophe Dabin. « On souhaite que tous les acteurs soient partie prenante sur ce sujet. Si on arrive à avoir des actions communes et surtout coordonnées on atteindra notre objectif ».

« Bien évidemment, il n’y a pas que des adultes agresseurs. Certains cas sont commis entre mineurs qu’il faut détecter et traiter rapidement. », a souligné Violaine Chabardes. Après son départ, le CTOS souhaite continuer à véhiculer les messages de prévention tout en détruisant les idées reçues. Dans ce contexte, il a recruté une coordinatrice projet, qui doit poursuivre le travail de sensibilisation et d’écoute sur le terrain, grâce à l'enveloppe débloquée par l'Agence nationale du Sport (ANS). Le CTOS souhaite également que le milieu scolaire profite de cette sensibilisation aux violences sexuelles dans le sport. Cette mission fera l’objet d’une autre visite de l’association Colosse aux pieds d’argile, qui reste encore à financer.