Thierry Santa

  

Thierry Santa

Intervention de Thierry SANTA

Président du 16ème gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Restitution du grenelle contre les violences conjugales

Université de la Nouvelle-Calédonie
Samedi 23 novembre 2019

Seul le prononcé fait foi.

 

 

Monsieur le Haut-commissaire de la République, 
Je salue par ailleurs la présence de votre épouse,

Mesdames et messieurs les élus,
Madame et messieurs les membres du gouvernement, chère Isabelle,
Mesdames et messieurs les représentants des différentes institutions, 
Messieurs les représentants des autorités judiciaires,
Madame la Consule générale d’Australie,
Mesdames et messieurs les représentants des différentes directions, 
Mesdames et messieurs les représentants du monde associatif, 
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Aujourd’hui s’ouvre la journée de restitution du grenelle des violences conjugales. Un grenelle lancé à l’échelle nationale par le Premier Ministre le 3 septembre dernier, et décliné en Nouvelle-Calédonie par le Haut-commissaire de la République dès le 9 septembre, en partenariat avec le gouvernement et les partenaires institutionnels et associatifs calédoniens dont je tiens à saluer l’engagement. Je remercie en particulier les provinces et les communes, maillons essentiels de l’action publique, pour leur mobilisation dans cette démarche.
 
Un grenelle, ce n’est pas une énième grand-messe. C’est une véritable opportunité de mettre tous les acteurs autour de la table pour identifier les actions concrètes qu’il est nécessaire, voire urgent, de mettre en place face aux défis à relever.

Les violences conjugales figurent parmi les premiers défis auxquels fait face la Nouvelle-Calédonie. 

Trop de femmes meurent, chaque année, sous les coups de ceux-là mêmes qui devraient les adorer. En 2019, ce sont encore 3 féminicides de trop qui ont endeuillé la Nouvelle-Calédonie. 

Trop de femmes souffrent, chaque année, violentées par ceux-là mêmes qui devraient les respecter. Sur les 6 premiers mois de l’année 2019, c’est plus de 15% d’augmentation des violences conjugales. 
En 2017, dans son rapport sur les violences faîtes aux femmes dans les Outre-mer, le Conseil Economique, Social et Environnemental national, soulignait des taux indécents pour notre archipel du Pacifique : 
Près d’une femme en couple sur 5 est victime d’agressions physiques en Nouvelle-Calédonie. Plus d’une sur 20 est victime d’agressions sexuelles. 

Ce grenelle est peut-être l’occasion de regarder, enfin, collectivement, cette problématique en face, sans tabou. 

Je crois qu’il nous appartient, à nous tous, d’être sincères avec nous-mêmes quand nous parlons des violences conjugales. Il ne s’agit pas de nous culpabiliser, ou de jeter en pâture les auteurs, cela ne chasserait pas ce mal qui gangrène la société calédonienne. 
Il s’agit davantage de responsabiliser, de comprendre, pour actionner les leviers, et inverser cette tendance meurtrière qui ne met pas seulement en danger les femmes, mais bien la société calédonienne toute entière.

« Tant que les femmes et les filles, qui forment la moitié de la population de la planète, ne vivront pas à l’abri de la peur, de la violence et de l’insécurité quotidienne, il nous sera impossible de prétendre vivre dans un monde juste et égal. » 

Cette réalité, énoncée il y a un an par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est la réalité calédonienne. Bâtir une société calédonienne juste et égale passe impérativement par le souci de la sécurité et de la dignité auxquelles nos filles et nos femmes ont droit. A l’école, au travail, dans les institutions ainsi que dans les lieux publics, mais en premier lieu dans les familles, dans les tribus.
Ce sont bien des filles et des femmes du pays dont il question aujourd’hui. Les violences que leurs hommes leur font subir ne sont pas tolérables et doivent être dénoncées. 
La priorité est peut-être de dire clairement que les violences conjugales ne doivent pas être banalisées. Agresser physiquement, agresser sexuellement nos filles et nos femmes n’est pas quelque chose de banal.
Sans entraîner la mort à chaque fois - fort heureusement, ces comportements ont des conséquences que personne ne peut ignorer, encore moins sous-estimer. 

Aucune Calédonienne ne doit se résigner car il n’y a aucune fatalité. 
La société calédonienne a besoin de toutes ses sensibilités, de toutes ses forces vives et de tous ses talents pour développer le pays. 
Le rôle des filles et des femmes, dans la société calédonienne, doit être affirmé avec vigueur, partout, et par tous. 
Dès le plus jeune âge, il est important de promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons et leur égale dignité. C’est ainsi que pourront évoluer les comportements des citoyens de demain, pour lesquels l’émancipation des femmes et leur autonomie deviendront une évidence. 

Le 16ème gouvernement a inscrit son action dans une perspective commune, celle de l’avenir de notre jeunesse comme grande cause territoriale. 
Or l’avenir de nos enfants est intimement lié à la considération que la société calédonienne accorde à la femme.

Je veux donc d’abord déclarer ici que la lutte contre les violences faites aux femmes sera une grande cause de ce mandat. 
Il est grand temps d’en faire une priorité de nos politiques publiques. 

Ensuite, le gouvernement fera en sorte que se développe un meilleur maillage territorial afin d’assurer une qualité d’accueil identique sur tout le territoire. 
Beaucoup a déjà été fait pour la condition féminine ces dernières années. Il nous appartient maintenant de mieux identifier les dispositifs, les outils existants, et de mieux coordonner les acteurs afin de gagner en cohérence et donc, en efficacité.

Par ailleurs, le Haut conseil pour l’élimination des violences à l’égard des femmes mis en place en 2017 par Déwé Gorodey est un outil formidable sur lequel il nous faut nous appuyer. Je propose donc de lui confier la mission d’élaborer, avec tous les partenaires, un plan d’actions à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie. Des travaux en ce sens ont déjà été engagés et devront être complétés en prévoyant notamment les déclinaisons législatives de ce plan. Ainsi, c’est d’un cadre juridique global sur la question des violences faites aux femmes et de l’égalité homme-femme dont il faut doter la Nouvelle-Calédonie. 

Ces actions, ainsi que celles qui vont vous être présentées ce matin, permettront d’amorcer un virage dans la lutte contre les violences conjugales. 
A nous tous, aussi, d’agir, chacun à notre niveau, pour que toutes les filles et les femmes de Nouvelle-Calédonie puissent pleinement participer à la construction du pays. 

Je vous remercie.