Un nouveau refuge pour les victimes de violences

Les partenaires du dispositif de prise en charge d’urgence des victimes de violences hors cadre judiciaire pour l’aire Xârâcùù ont signé le protocole de mise en œuvre à la mairie de Boulouparis.

Un dispositif de prise en charge d’urgence des victimes de violences, basé sur un réseau de transporteurs, de familles bénévoles et de lieux d’accueil, a été officialisé le 25 novembre pour l’aire Xârâcùù. Inscrite dans le Plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance, cette action a vocation à devenir territoriale.

Le moment était important et chargé d’émotion pour chacun des partenaires de ce système de prise en charge issu notamment des réflexions des assises de l’Outre-Mer : gouvernement, provinces Sud et Nord, conseil coutumier Xârâcùù et les huit communes de l’aire, Boulouparis, Canala, Farino, Kouaoua, La Foa, Moindou, Sarraméa et Thio, gendarmerie de Nouvelle-Calédonie et Association de coopération sociale et médico-sociale (ACSMS). Cet accompagnement bienveillant vise à proposer, hors du cadre judiciaire, aux victimes de violences et, le cas échéant, à leurs enfants, une écoute et un refuge pour réfléchir à leur situation personnelle, dans un espace sécurisé. « Selon l’OMS, la santé est le complet bien-être, physique, mental et social. Une femme, ou toute personne victime de violences, perd peu à peu sa santé. La protéger, c’est remettre l’être humain au cœur de nos politiques publiques et de nos préoccupations, a déclaré Jean-Pierre Djaïwé, membre du gouvernement en charge du suivi du Plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance. Je me réjouis que les autorités coutumières, les communes et les associations soient parties prenantes de cette action car elles sont au quotidien aux côtés des familles ».

 

Une coutume a précédé la signature du protocole de prise en charge.

 

Sécurité et anonymat

Déjà opérationnelle en province des Îles, « cette mesure est complémentaire des autres dispositifs d’accueil d’urgence », a précisé Claude Cousin, coordinatrice de la plateforme SOS Écoute, l’association qui accompagne le projet depuis le début. Celui-ci repose sur des lieux d’hébergement temporaires, familles bénévoles ou refuges, identifiés en relation avec les aires coutumières concernées. L’accueil, sécurisé, anonyme et gratuit, peut durer jusqu’à cinq jours et doit conduire à une prise en compte durable de la situation de la personne en danger. Dans tous les cas, l’anonymat de la localisation de la famille d’accueil sera préservé. Autre maillon essentiel, les transporteurs, eux aussi bénévoles qui, en l’absence de moyen de transport de la victime, peuvent être dépêchés pour aller la chercher et l’accompagner vers une famille d’accueil ou autre lieu.

 

Chaque partenaire a signé le protocole. Ici, Carl Toura, vice-président du conseil coutumier Xârâcùù.

 

Maillage territorial

 « À ce jour, cinq familles et deux lieux d’accueil sont accessibles sur l’aire Xârâcùù, ainsi que quatre transporteurs », a indiqué Claude Cousin. Après entretien et validation par l’ensemble des partenaires, ces personnes ont été formées à « l’accueil bienveillant, à la primo-écoute, à l’écoute active mais aussi à ses limites », a poursuivi la coordinatrice. À Boulouparis qui a accueilli la signature du protocole de prise en charge, « une maison avec trois chambres a été mise à disposition pour accueillir des victimes d’autres communes, a précisé son maire, Pascal Vittori. Nous avons fait le choix de ne pas héberger les femmes de la commune sur place pour leur assurer une plus grande sécurité ». Le dispositif ambitionne en effet une portée territoriale. Déjà 20 familles d’accueil ont été identifiées, tandis qu’une quarantaine de visites ont été réalisées dans les aires et les communes en prévision de l’extension de la procédure. « C’est un de nos engagements formulés lors du Grenelle contre les violences conjugales en Nouvelle-Calédonie. Grâce à ces actions de proximité, nos politiques publiques peuvent être déployées au profit des populations, a insisté Isabelle Champmoreau. Sans ce maillage, impossible d’être au plus près de ceux qui en ont besoin. Au sein du gouvernement collégial, nous avons également décidé que chacun de ses membres puisse, dans son secteur, s’emparer de cette Grande cause qui ne connaît pas de clivage politique », a conclu la membre de l’exécutif en charge de la lutte contre les violences intrafamiliales.     

 

Le dispositif dans le détail

1. Un numéro vert d’appel central : le 05 30 30 (ouvert 7 jours sur 7, de 9 h à 1 h du matin) géré par l’association SOS Écoute. En dehors de ces horaires, un message redirige les victimes vers la plateforme 17 qui prend le relais de 1 h à 9 h. 

Le 15 et le 18 sont également des numéros et interlocuteurs ressources d’urgence. Grâce à un partenariat avec l’OPT-NC, il aussi possible de se signaler en urgence par SMS au 500 067, de 9 h à 21 h.

2. Orientation des victimes

- En cas de situation de danger immédiat, l’appel est retransmis sans délai aux services de la gendarmerie et/ou le 15 (SAMU) pour intervention immédiate.

- Dans le cas où l’appel révèle des faits de violences sans qu’un risque immédiat n’ait été identifié, l’écoutant de SOS Écoute prend attache avec le transporteur et la famille d’accueil afin de convenir des modalités de prise en charge de la victime et, le cas échéant, de ses enfants. Seule la victime peut solliciter le déclenchement de la procédure.

Dans tous les cas, la personne peut obtenir des informations, des conseils, une écoute bienveillante et être orientée.