Violences faites aux femmes, Grande Cause 2019-2024

Violences faites aux femmes, Grande Cause 2019-2024

L'ensemble des institutions et des partenaires était réuni à l'Université le 23 novembre, à l'initiative du gouvernement et en partenariat avec l'État, pour la restitution des travaux menés dans le cadre du Grenelle local contre les violences conjugales. Une mobilisation marquée par la formalisation des premiers engagements concrets.

La matinée a débuté par une émouvante minute de silence pour toutes les femmes tombées sous les coups de leur conjoint. On dénombre 137 féminicides en 2019 sur le sol national dont deux en Nouvelle-Calédonie ce qui est conséquent pour notre petit territoire. Pas moins de 1 223 plaintes ont été déposées en 2018, soit autant que dans un département comme les Yvelines qui compte 1,7 million d'habitants, et les violences intrafamiliales ont encore progressé de près de 15 % ces dix derniers mois. « La lutte contre les violences faites aux femmes sera une Grande Cause de ce mandat », a déclaré solennellement le président du gouvernement. Mis en place en 2017 par Déwé Gorodey, le Haut-conseil pour l’élimination des violences à l’égard des femmes – organe fédérateur composé de représentants des institutions, des autorités judiciaires, religieuses et coutumières et de la société civile – se voit confier « la mission d’élaborer avec tous les partenaires un plan d’actions global à l’échelle du territoire, a poursuivi Thierry Santa. C’est un cadre juridique global sur les questions des violences faites aux femmes et de l’égalité hommes-femmes dont il faut doter la Nouvelle-Calédonie. Ces actions, ainsi que celles qui vont vous être présentées ce matin vont permettre d’amorcer un virage dans cette lutte ».     

« À nous tous, aussi d’agir chacun à notre niveau pour que toutes les filles et les femmes puissent pleinement participer à la construction de notre pays », a insisté Thierry Santa.
« À nous tous, aussi d’agir chacun à notre niveau pour que toutes les filles et les femmes puissent pleinement participer à la construction de notre pays », a insisté Thierry Santa.

 

120 participants aux ateliers

Illustrant parfaitement les propos du président, une convention a ensuite été signée pour le déploiement du dispositif « Téléphone Grave Danger » par l’OPT, en lien avec les forces de l’ordre, afin d’améliorer la protection des victimes de violences. Puis est venu le temps de la restitution des différents groupes de travail. Le 9 septembre dernier, le haut-commissaire de la République, Laurent Prévost, a lancé officiellement la déclinaison locale du Grenelle contre les violences conjugales, impulsé au niveau national par le premier ministre Édouard Philippe. Plusieurs ateliers ont mobilisé près de 120 participants sur trois grandes thématiques : la protection des femmes victimes de violences (plaintes et sanctions pénales), animé par le procureur de la République, la prévention et la gouvernance et enfin le parcours de la victime, tous deux pilotés par le gouvernement. Objectifs ? Identifier les dispositifs existants, améliorer la coordination des acteurs et développer un véritable maillage territorial pour que la victime bénéficie d’une qualité de prise en charge identique quel que soit l’endroit où elle se trouve.

« Le Grenelle en Nouvelle-Calédonie viendra enrichir les propositions au niveau national », a rappelé Isabelle Champmoreau.
« Le Grenelle en Nouvelle-Calédonie viendra enrichir les propositions au niveau national », a rappelé Isabelle Champmoreau.

 

Enquête sur les violences

Cheville ouvrière de ces ateliers, Isabelle Champmoreau a animé la présentation de la synthèse des 90 points d’amélioration qui en découlent. Parmi les premières annonces (lire aussi l’encadré), la Nouvelle-Calédonie s’engage à mener une enquête « Cadre de vie et sécurité », qui va permettre « d’alimenter les politiques publiques », a souligné la membre du gouvernement en charge de la lutte contre les violences intrafamiliales. Une enveloppe de 10 millions de francs sera inscrite au budget 2020 pour financer sa phase préparatoire. « Un dispositif sur le terrain sera également créé, certainement sous la forme d’un bus, pour effectuer de la prévention et permettre l’accès au droit sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’un site Internet pour que les victimes puissent trouver rapidement les informations dont elles ont besoin », a ajouté Isabelle Champmoreau.

Charte d’engagement

À l’issue de la matinée, l’ensemble des partenaires institutionnels ont signé une charte afin d’« agir ensemble pour lutter contre les violences faites aux femmes et promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ». Un geste symbolique, mais qui engage chaque institution « à son niveau et en fonction de ses compétences à apporter des réponses concrètes et à mener des projets dès 2020 et pour les années à venir, a indiqué la membre du gouvernement. Pour la Nouvelle-Calédonie par exemple, c’est l’engagement de mener rapidement cette enquête de grande envergure sur la question des violences. Il y a aussi la province Sud qui va créer une structure supplémentaire d’accueil d’urgence avec des places d’hébergement. L’État a annoncé qu’il viendrait appuyer ces dispositifs avec un concours financier », a signalé avec satisfaction Isabelle Champmoreau. Des engagements que la membre du gouvernement a confirmé devant la délégation du collectif des femmes en colère reçue le 25 novembre, date à laquelle est célébrée la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. « Début 2020, tous les partenaires vont se remettre autour de la table et travailler très concrètement sur les annonces qui ont été faites », a-t-elle assuré au collectif. 

Institutions, autorités judiciaires, coutumières et religieuses, forces de l’ordre et associations étaient présentes ce samedi matin à l’Université.
Institutions, autorités judiciaires, coutumières et religieuses, forces de l’ordre et associations étaient présentes ce samedi matin à l’Université.

 

 

D’autres mesures

Le gouvernement s’engage à :
- sacraliser les subventions allouées aux associations œuvrant dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes ;
- mettre en place un « brevet contre la violence » au sein de l’école qui pourrait intégrer le parcours civique ;
- proposer une loi du pays sur l’égalité professionnelle (travail en cours) ;
- poursuivre son soutien financier pour le dispositif d’aide aux victimes au sein du Médipôle dont l’équipe va être renforcée début 2020 ; 
- mener un groupe de travail avec l’OPT et les partenaires sur la création d’un numéro unique d’urgence ;
- lancer une réflexion avec les partenaires sociaux afin de mener des actions de lutte au sein des entreprises.