Mieux vivre sa puberté

Le Comité 3E, le vice-rectorat, la direction de l’Enseignement, l’Agence sanitaire et sociale, le CP2S, les clubs Kiwanis, la société Cellocal, les établissements scolaires pilotes et les parents d’élèves étaient présents à l’inauguration du projet.

Mettre des mots sur le phénomène naturel des règles et libérer la parole des  jeunes, tels sont les objectifs de l’opération Changeons les règles, initiée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et le vice-rectorat. Lancé par Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement chargée de l’enseignement et Érick Roser, vice-recteur, directeur général de l’enseignement, les nouveaux supports pédagogiques de ce projet, ont été inaugurés, mardi 24 mai, en présence des partenaires de l’opération, des établissements pilotes, des élèves impliqués et des parents d’élèves.

Forte des résultats positifs de la première édition, l’opération Changeons les règles est reconduite pour une seconde année. L’ambition du programme, déployé dans une dizaine d’établissements scolaires, est avant tout d’aider les jeunes filles en situation de précarité menstruelle et d’informer les adolescents sur les transformations de la puberté. L’occasion d’aborder le sujet des règles, encore trop souvent tabou.

« L’égalité des genres est une cause qui nous anime, a déclaré Jacques Thébault, directeur du collège de Boulari. Notre établissement est, d’ailleurs labellisé 3E depuis 5 ans. Quand le projet a été annoncé, nous avons souhaité y participer. Il est important de mettre en œuvre des interventions de sensibilisation comme celle-ci

Afin d’offrir aux jeunes filles et garçons les moyens de mieux vivre leur puberté, Isabelle  Champmoreau a proposé, lors de la première édition, en 2021, de mettre en œuvre des séances de sensibilisation des élèves sur la puberté et les menstruations. Dans cette optique, le gouvernement et les professionnels de la santé et du social du vice-rectorat et du CP2S ont créé un livret pédagogique, intitulé Changeons les règles, à destination des enseignants et des élèves.

Les règles et la puberté, un sujet encore trop tabou

Si les règles sont naturelles, un tabou les entoure encore. La peur et la gêne d’en parler entraînent un manque d’information chez les femmes et notamment chez les adolescentes. En effet, 15 % des jeunes filles ayant déjà eu leurs règles vivent mal la situation et sont en situation de précarité.

L’opération Changeons les règles aborde tous les sujets liés à la puberté : les menstruations, les protections hygiéniques, l’hygiène corporelle, les moqueries qui peuvent y être associées et enfin, les personnes et lieux ressources.

Ces sujets méritent en effet une attention particulière, si on en croit l’enquête diagnostic, menée en 2020 par le vice-rectorat, auprès des élèves. Elle révèle que 14 % d’entre eux ne savent pas pourquoi les filles ont leurs règles et pas les garçons. D’ailleurs, ils sont 20 % à penser que le sang est sale, et 5 % à croire qu’il s’agit d’une maladie.

Pour les élèves, les objectifs principaux de ce projet sont d’identifier les modifications physiques et psychologiques lors de la puberté chez les filles et chez les garçons, de comprendre comment respecter son corps et celui des autres, et de s’approprier les principes d’une bonne hygiène intime, dont le bon usage des protections périodiques.

Une lutte contre la précarité menstruelle

La précarité menstruelle qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de la difficulté à se procurer des produits d’hygiène intime de première nécessité et de vivre dignement ses règles. Certaines personnes victimes de précarité menstruelle, n’y ont peu ou pas accès. Près de 13 % des étudiantes ont même dû choisir entre des protections et un autre produit de première nécessité. « Au gouvernement, nous considérons les protections menstruelles comme des produits de première nécessité, a indiqué Isabelle Champmoreau. Il est donc inconcevable qu’à notre époque, des jeunes filles n’y aient pas accès, c’est la raison pour laquelle, j’ai demandé en juin 2021, l’exonération de TGC sur  les protections périodiques ».

Ainsi, dans le cadre d’un partenariat avec la société Cellocal, 1700 pochettes d’échantillons de protections hygiéniques et 14 000 protections périodiques, ont été remises aux établissements partenaires pour les élèves.

Isabelle Champmoreau accompagnée du directeur du collège de Boulari, Jacques Thébault, présente une pochette de protections périodiques qui a été distribuée aux établissements par la société Cellocal.
Isabelle Champmoreau accompagnée du directeur du collège de Boulari, Jacques Thébault, présente une pochette de protections périodiques qui a été distribuée aux établissements par la société Cellocal.
 

 

Des projets de sensibilisation

Pour cette deuxième édition de l’opération Changeons les règles, d’autres actions ont été mises en œuvre, notamment la réalisation d’un film éducatif. Cette matinée a permis de présenter aux parents et partenaires de l’opération,  un film de sensibilisation à la puberté, réalisé avec les élèves du collège de Boulari. « Nous avons travaillé depuis la 4e avec ces élèves sur des projets d’égalité des genres, s’est félicitée Majda El Mantih, professeure référente 3E au collège de Boulari. Lorsque le gouvernement nous a sollicités pour l’opération Changeons les règles avec la réalisation d’un film sur la puberté vue par les adolescents, nous avons pu sélectionner 15 élèves volontaires. Ils ont participé à ce challenge malgré leur timidité. Il y a eu des rires nerveux au début et un peu de gêne liée au fait de parler de tels sujets mais cela a permis de libérer la parole. »

Les élèves, ont quant à eux, apprécié être engagés dans cette opération. « Nous avons tourné ce film en une matinée de travail au total, finalement ce n’était pas une expérience si gênante. En tant que garçon c’est normal de participer et de montrer que c’est naturel. », ont déclaré Nathaniel, Mathis et Ezéquiel, élèves de troisième du collège de Boulari.

 

Quinze élèves de troisième du collège de Boulari ont participé au projet « Changeons les règles » avec leur professeure Majda El Mantih. 

 

D’autres initiatives ont été mises en place par l’établissement afin de sensibiliser les élèves à l’égalité filles-garçons. Depuis l’année dernière, des élèves ont créé des affiches présentées à l’ensemble du collège lors d’une exposition, organisée le 25 novembre dernier. Ces affiches abordent la thématique de la puberté sous toutes ses coutures, à travers des explications et des astuces pour y faire face. Cette exposition a d’ailleurs été dévoilée aux partenaires et aux parents d’élèves lors de cette matinée et a vocation à être itinérante car exposée dans l’ensemble des établissements pilotes, dans les semaines à venir.

 

Une exposition mobile réalisée avec les élèves sera mise à disposition des établissements scolaires. 

 

Les établissements pilotes

Les établissements scolaires pilotes en 2021

  • École  primaire Marguerite-Arsapin à Rivière-Salée
  • Collège de Rivière-Salée
  • Lycée professionnel Petro-Attiti
  • Collège des Portes de Fer
  • Collège de Boulari
  • Collège Louise-Michel

Les nouveaux établissements intégrés en 2022

  • Lycée Jules Garnier
  • Lycée Saint-Pierre Chanel
  • Collège Raymond Vautier (Poindimé)
  • Lycée Antoine Kéla (Poindimié)

 

Un prototype de distributeur de protections hygiéniques au lycée Jules-Garnier

Le lycée Jules-Garnier a mis en place un projet scolaire regroupant plusieurs filières, afin d’impliquer les élèves dans un projet concret de sensibilisation à l’égalité filles-garçons et à la santé des femmes.

Quatre classes ont été invitées à travailler sur un prototype de distributeur de protections hygiéniques, qui sera installé au sein de l’établissement. Une classe de sciences économiques et sociales établit le cahier des charges du projet, une classe en arts appliqués se charge de la partie visuelle et design du distributeur, une classe de sciences et technologies de l'industrie et du développement durable (STI2D) mène une réflexion autour du mécanisme de la machine et enfin, une classe de baccalauréat professionnel technicien en chaudronnerie industrielle travaille sur la réalisation du boitier.

 

Un relai « maison et école » important              

Selon Isabelle Champmoreau « les parents ont un rôle à jouer dans l’éducation à la puberté à travers les messages qu’ils transmettent à leurs enfants ». Elle a donc souhaité convier les parents des élèves, impliqués dans l’opération Changeons les règles, à cette inauguration.

« C’est important pour les jeunes d’aujourd’hui d’être informés sur la puberté, plus que nous l’étions à leur âge, a indiqué Céline Bobillier, parent d’élève présente à cette inauguration. Ce n’est pas facile d’être une fille, une femme en devenir. C’est un sujet que l’on aborde souvent à la maison et c’est vraiment intéressant qu’il soit relayé à l’école. »