Une structure dédiée aux victimes de violences
Un dispositif d’accueil des victimes va ouvrir au sein du Médipôle de Koutio. Dans ce lieu destiné en priorité aux victimes de violences intrafamiliales, les femmes pourront bénéficier d’une prise en charge médicale, mais aussi d’un accompagnement personnalisé dans leurs démarches judiciaires et de demandes d’aides.
« Attendu de longue date », comme l’a rappelé Philippe Germain, ce dispositif d’accueil des victimes est le fruit d’un partenariat inédit entre l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les autorités judiciaires, les provinces et le centre hospitalier Gaston-Bourret. Il s’inspire d’une expérience menée au CHU de Bordeaux qui permet, dans un même lieu, l’évaluation, l’information et l’accompagnement des victimes d’agression autour d’une prise en charge élargie (psychologique, sociale, de médecine légale et juridique 24h/24). « Cette action, qui s’inscrit aussi dans le cadre du plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance, a été adaptée à l’environnement de la Nouvelle-Calédonie, précise le président du gouvernement. Il s’agit dans un premier temps de l’expérimenter et de la faire monter en puissance, en développant notamment le travail en réseau avec les différents partenaires ».
Équipe pluridisciplinaire
Situé au sein du pôle mère-enfant du Médipôle, ce lieu va permettre aux victimes de violences de bénéficier de consultations gratuites auprès d’une équipe pluridisciplinaire – médecin, infirmier, psychologue, assistant social, juriste – qui sera recrutée par le CHT Gaston-Bourret. Elle aura pour mission de procéder à une première prise en charge médicale de la victime, d’identifier ses besoins (hébergement, aide sociale, etc.), de l’accompagner dans ses démarches et de l’orienter, si elle le souhaite, vers les services de police et de gendarmerie pour un dépôt de plainte. Le Collectif des médecins judiciaires, qui assure les missions de médecine légale en Nouvelle-Calédonie, sera ensuite sollicité par les magistrats ou les officiers de police judiciaire. Parmi les signataires de la convention qui concrétise la mise en œuvre du dispositif, Nicole Robineau, élue en charge de la condition féminine à la province Sud et au Congrès, et cheville ouvrière de ce projet, « pense tout d’abord aux victimes et aux femmes des tribus et des villages éloignés qui demandaient cette prise en compte de leurs problématiques. Porter plainte est encore très compliqué pour elles ».
Un parcours de prise en charge
Pour le procureur de la République, le nombre de femmes qui ne déposent pas de plainte est « un chiffre noir » de la Calédonie. « Ce lieu va permettre d’aller au plus près des victimes de violences conjugales qui ne peuvent pas ou n’osent pas entamer de procédures judiciaires, ajoute Alexis Bouroz. Ce sera aussi une étape d’information sur leurs droits et les autres aides dont elles peuvent bénéficier. »
Coordinatrice du dispositif depuis le 1er avril, Karine Destours, juriste de formation, a notamment travaillé pour le Relais (centre de traitement des violences conjugales et intrafamiliales de la province Sud), le Centre de conseil familial et la direction provinciale de l'Action sanitaire et sociale. Son rôle sera de mettre en place l’équipe pluridisciplinaire et d’organiser le maillage avec les partenaires : associations, institutions, autorités judiciaires, collectif des médecins judiciaires, forces de l’ordre... « L’idée est d’aboutir à un parcours de prise en charge fluide pour toutes les victimes qu’elles soient de Nouméa, de Brousse ou des Îles », explique-t-elle. Pour un objectif final qui est de faire cesser à tout prix les violences subies.
Les missions du dispositif d’accueil des victimes
Le dispositif d’accueil des victimes du CHT Gaston-Bourret devra assumer les missions suivantes, en complément des missions effectuées par le Collectif des médecins judiciaires :
- accueillir en première intention des victimes de violences physiques, psychologiques ou d'agression sexuelle ;
- offrir un accueil et un accompagnement pluridisciplinaire au plus près de l’événement traumatique ;
- encourager les procédures judiciaires ;
- orienter les victimes et assurer le relais avec les partenaires et organismes dédiés à l'aide aux victimes (interlocuteurs privilégiés du dispositif) ;
- repérer des situations de violence ;dispenser des conseils juridiques aux victimes ;
- assurer l’observation statistique et scientifique du phénomène de violence.
Le financement
Cette opération est intégrée dans le contrat État-intercollectivités 2017-2021 et financée à raison de 80 % par l’État et de 20 % par la Nouvelle-Calédonie. À compter de 2019 et jusqu’à la fin de l’année 2021, le CHT bénéficiera d’une subvention annuelle plafonnée à 21,2 millions de francs pour l’installation et le fonctionnement du dispositif.